<453> toute la reconnaissance et le plus grand plaisir. Vous avez recueilli dans un très-petit volume le résumé de ce qu'on peut dire et penser sur les gouvernements. Vous avez fait le plus beau portrait des devoirs d'un souverain : ce tableau, cependant, ne peut guère être imité. Il faudrait toujours des princes doués de votre génie, et qui eussent vos connaissances. La nature n'en produit pas de cette espèce; je désirerais donc encore un chapitre utile pour un homme que la naissance place sur le trône, mais auquel la nature a refusé les dons que vous possédez. Il lui faut une marche;a il est impossible qu'il agisse par lui-même, et je pense que ce serait un malheur s'il le voulait. Comment peut-il faire et quels sont les moyens pour que le corps de l'État se conserve, si la tête en est faible? Ce serait un chapitre excellent pour le bon roi de Fiance. Il se peut que je me trompe, mais je le crois rempli du désir et du zèle à faire le bien; mais n'ayant pas de génie et de connaissances, il ne sait comment s'y prendre.
Je vous rends très-humblement grâce, mon très-cher frère, pour les bulletins; mais je me réjouis que les Autrichiens qui vous regardent vous trouvent encore tel, qu'on peut espérer de vous conserver longtemps. C'est l'idée la plus flatteuse pour moi, et l'objet de mes vœux et de mon espérance. Si vous daignez seulement, mon très-cher frère, ne vous point négliger lorsque vous ressentez quelques incommodités, je puis alors me flatter que votre conservation sera égale à mon espérance et à mes souhaits, lesquels partent du tendre et respectueux attachement avec lequel je suis, etc.
a Nous lisons marche, mais le mot est presque illisible dans l'autographe.