<582> de toutes passions, raisonne sur ceux que les passions entraînent encore. Cela me fait souvenir du mot du maréchal de Broglie, gouverneur de Strasbourg, qui disait à de jeunes officiers débauchés de sa garnison : « Messieurs, faites comme moi, soyez sages. » Quelqu'un lui répondit : « Monsieur le maréchal, attendez que nous ayons atteint à votre âge. » Je suis, etc.
390. AU MÊME.
Le 17 octobre 1784.
Il est sûr que le monde est plongé dans un étrange chaos, en ce qui regarde la politique; mais ce ne sera pas nous Prussiens qui le débrouillerons; ce seront les deux cours impériales qui voudront chasser les Turcs de l'Europe, ou l'Empereur qui peut-être voudra attaquer les Hollandais, enfin quelque entreprise décisive qui force les autres potentats à se lier ensemble pour résister aux perturbateurs du repos public. L'impératrice de Russie commence à se montrer; mais, toujours affaissée par une sombre mélancolie, elle devient religieuse; l'on croit qu'il n'y aura plus de nouveau favori. Je regarde cela comme des nouvelles, et j'attends d'apprendre si son voyage de la Crimée aura lieu, ou si elle l'abandonne. Voilà ce qui nous éclairera le plus, et nous fera voir si son ambition s'assoupit, ou si elle se réveille. Je ne m'attends pas à beaucoup du pays où vous êtes, par bien des raisons que vous devinez sans doute. Voici une chance qui s'offre : les Hollandais refusent net de souscrire aux usurpations du commerce de l'Escaut, que l'Empereur se veut approprier. Il se peut que d'un moment à l'autre il y ait en Flandre quelques hostilités