59. AU MÊME.
(Doberschütz) 15 octobre 1758.
Mon cher frère,
L'affaire d'hier n'aurait pas mal tourné, si j'avais eu huit bataillons de plus; mais le manque de troupes m'a forcé de me retirer. Ma grande perte consiste en canons; il en manque cinquante et un des gros. La cavalerie a très-bien fait son devoir. Retzow est survenu à propos pour nous couvrir la retraite. Je me suis campé ici, à trois quarts de mille de Hochkirch.221-d J'y tiendrai bon, et, s'il le faut, j'attaquerai l'ennemi. C'est, à la vérité, un grand malheur qui m'est arrivé; mais il faut le réparer avec fermeté et courage. Je ne doute pas que vous ne réussissiez à chasser Hadik, et que cela n'oblige les cercles à se retirer. Mon homme aura envoyé hier un courrier à Vienne, dont je crois qu'il faudra attendre le retour pour savoir comment se<222> terminera cette campagne. Je crois que vous pouvez garder l'argenterie de Bamberg222-a jusqu'à la fin de la campagne, où nous pourrons penser à notre aise à ce que nous avons à faire. Adieu, cher frère; plaignez les malheureux, et souvenez-vous de ce que je vous ai dit si souvent il y a une année. Je suis, etc.
221-d Souligné dans l'autographe.
222-a Le prince Henri avait fait au mois de mai une expédition en Franconie et dans l'évêché de Bamberg, pour attirer les ennemis hors des États de la margrave de Baireuth. Voyez la correspondance de Frédéric avec cette princesse, année 1758.