272. AU PRINCE HENRI.
Le 1er octobre 1776.
.... L'Impératrice est extrêmement contente de la princesse de Würtemberg; elle a trouvé le moyen de gagner toute la cour, et si elle continue à se conduire ainsi, son crédit augmentera de jour en jour chez l'Impératrice. Ce que je cède aux Polonais a fait grand plaisir à la cour, et j'espère, sous l'ombre de ces aspects favorables, de pouvoir proroger mon alliance avec la Russie jusqu'à l'année 1790; et, en attendant, il faudra voir comment on pourra se tirer d'affaire. Voilà exactement la situation présente des choses, et vous pouvez<442> compter que les Autrichiens n'attendent que mon départ pour mettre toutes leurs machines en jeu.
Je profite du séjour de ma sœur de Brunswic pour la préparer à la perte du Duc son mari, ce qui lui causera une sensible douleur; mais c'est un mal inévitable; ainsi il faut la familiariser avec cette idée, pour que nous la conservions. Ma sœur Amélie se remettra dans vingt-cinq jours ou trois semaines tout au plus. Elle devra sa guérison à son courage;442-a je l'admire, et je l'en aime davantage.
Les Würtemberg sont partis pour le Montbelliard, à cinq cents milles d'Allemagne de leur fille. Je suis sûr que les Français leur apprêteront à rire par les ridicules questions qu'ils leur feront au sujet des Russes. Mais peu importe. Je souhaite, mon cher frère, que vous vous portiez bien, et que vous jouissiez tranquillement à Rheinsberg des restes de la belle saison, étant avec toute la considération, etc.
442-a Frédéric avait écrit au prince Henri, le 16 septembre : « J'ai été à Berlin voir ma sœur Amélie; l'on a été obligé de lui faire une opération à son mauvais oeil; il va mieux à présent, et l'oculiste assure qu'elle se rétablira entièrement. »