287. AU MÊME.
Potsdam, 4 février 1778.
Mon très-cher frère,
Je suis très-sensible, mon très-cher frère, à l'intérêt que vous prenez à ma santé. J'espère de recouvrer en quelques jours l'usage libre de la main. Mais ce sont de grandes bagatelles, en comparaison des grandes affaires de l'Europe.458-b Selon les dernières lettres que j'ai reçues de France, l'on voit la confirmation de la faiblesse du gouvernement, et le peu de parti qu'on en peut tirer; et je prévois à peu près que tout ce qu'on en pourra attendre se réduira à une neutralité. En revanche, les lettres de Russie me sont d'autant plus favorables. Sur la simple nouvelle de la mort de l'électeur de Bavière, la<459> cour de Russie, sentant l'importance de la cour de Vienne contre les lois et libertés germaniques, s'est offerte d'elle-même de me donner tous les secours, qui ne seraient que plus considérables en cas que la paix avec les Turcs puisse continuer. Mes lettres de Constantinople me font espérer aussi que, pour cette fois-ci, les Turcs ne rompront pas la paix avec la Russie. Ainsi, mon très-cher frère, vous verrez que, sitôt que nous serons sûrs de la continuation de cette paix, nos affaires ne seront pas dans une aussi mauvaise situation, et que, d'autre part, la cour de Vienne pourra se repentir de la conduite injuste, tyrannique et précipitée à laquelle elle s'est abandonnée avec l'électeur de Bavière. Je suis, etc.
458-b Voyez t. VI, p. 153 et suivantes.