412. DU PRINCE HENRI.

Rheinsberg, 14 avril 1786.



Mon très-cher frère,

L'intérêt que je prends à votre santé, mon très-cher frère, est tout naturel; il est réglé sur le devoir et l'attachement. C'est le sentiment par lequel je vous ai écrit. Il aurait été heureux pour moi d'apprendre au moins que vous vous trouvez soulagé; mais les insomnies dont vous me parlez, mon très-cher frère, me font craindre le contraire. Nous n'avons eu jusqu'à cette heure qu'un printemps assez froid, des gelées de nuit, et quelques beaux jours; ce ne sera que lorsque le soleil aura toute sa force que vous sentirez, je l'espère, l'influence qu'il aura sur votre santé.

Vous me faites l'honneur de me dire, mon très-cher frère, que vous avez vu un Russe. Cette nation voyage beaucoup, et ce sont, quand on se trouve dans ce pays, les seuls avec lesquels on puisse parler. On dit dans toutes les gazettes que l'Empereur irait à Cherson; d'autres papiers assurent que l'Impératrice n'entreprendra point le voyage avant l'année prochaine : au moins, si ce voyage a lieu, ce sera le premier empereur d'Allemagne qui aura été dans ce pays éloigné.

<603>Je forme les vœux les plus sincères pour votre conservation, mon très-cher frère, en vous rendant grâce pour les fruits que vous avez daigné m'envoyer, étant, etc.