<121> peu ajusté, vous en serez informée, comme de raison, jusqu'à la moindre bagatelle près. Je m'offre de bon cœur de prendre sur moi la dot de la princesse et les frais de noces. Je regarde, ma très-chère sœur, vos enfants comme les miens, et je me ferai toujours un plaisir et un devoir de contribuer à ce qui peut vous être avantageux. Je vous avoue que je suis fort inquiet sur le traité que le Margrave a fait avec l'Empereur.a Si j'ose vous dire naturellement mon sentiment, je crains que vous n'ayez du chagrin de cette affaire-là. Vous n'êtes pas au fait, ma très-chère sœur, des ressorts présents que la politique de l'Europe fait mouvoir, ce qui produit que vous pouvez vous tromper dans les conjectures; mais je vous prie d'avoir la confiance en moi de me regarder comme un parent que vous avez dans la compagnie des Indes, et qui, pour puiser les connaissances de source, vous avertit si vous devez vendre ou garder vos actions. Le Margrave est cependant maître de faire ce qu'il jugera à propos; je ne puis que l'avertir du danger auquel il s'expose.
Nous attendons les fourrages et les blés dans les campagnes pour commencer les opérations. Le maréchal de Belle-Isle doit arriver ici au commencement du mois prochain.
Adieu, ma très-chère sœur; je vous prie de ne jamais douter de la tendresse parfaite et de l'estime infinie avec laquelle je suis, etc.
Vous aurez bien la bonté de faire mes compliments au Margrave et à la chère Frédérique.
a Voyez les Mémoires de la Margrave, t. II, p. 317 et suivantes, et p. 322-324. Quant à ce que cette princesse y dit, page 323, de « plusieurs lettres très-piquantes » que Frédéric lui aurait écrites au sujet du traité du Margrave avec l'Empereur, nous faisons observer que cette lettre (no 117) et le no 121 sont, de toutes les pièces que nous avons trouvées aux Archives, les seules où il soit parlé de ce traité.