<127> enfin votre lettre du 8, ce qui me fait croire qu'il y a eu quelque chose d'égaré dans notre correspondance, ou que peut-être quelques petits partis ont rendu les postes peu sûres. Je souhaiterais beaucoup que vous fussiez débarrassée de votre double voisinage, et que le théâtre de la guerre s'éloignât de vos frontières, car les civilités commencent pour les voisins, et les violences finissent le commerce.
Depuis que toutes mes affaires sont terminées, j'ai eu bien des voyages à faire. A présent, il ne me reste qu'à me divertir; c'est à quoi nous pensons, et préparons tout pour cet effet. Nous aurons deux opéras cet hiver, et la comédie française par-dessus le marché. J'ai presque tout de nouveaux chanteurs : la Molteni, admirable voix et grande chanteuse; le Porporino, Leonardi et Paolino sont les trois nouveaux chanteurs; il en vient encore un avec deux jeunes garçons, de façon que l'Opéra sera assez bien fourni.
Je vous demande pardon de ce que je vous entretiens de ces bagatelles; c'est faute d'autres nouvelles. Ayez la bonté de faire bien mes compliments au Margrave, et de ne jamais douter de la tendresse et de tous les sentiments avec lesquels je suis à jamais, ma très-chère sœur, etc.
125. A LA MÊME.
Berlin, 5 décembre 1742.
Ma très-chère sœur,
Ayant appris que vous aimiez le vin de Hongrie, je prends la liberté de vous en envoyer une épreuve pour sonder votre goût. Je serais bien aise que vous voulussiez me prendre pour votre commissionnaire; je m'en acquitterais du moins le mieux qu'il me serait possible.