<159> ce qui se passe dans leur maison, tandis que toute la ville parle de leur aventure. Pardonnez-moi si je vous offense en vous déchargeant mon cœur; mais après la lettre que vous venez de m'écrire, je ne pouvais plus me taire. Vous priant de croire que je n'en suis pas moins avec estime et tendresse, ma chère sœur, etc.

168. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

Le 9 avril 1746.



Mon très-cher frère,

Je ne saurais vous exprimer, mon très-cher frère, quelle joie m'a causée la dernière lettre que je viens de recevoir de votre part. Vous y rendez justice aux sentiments que j'ai toujours eus pour vous; c'est tout ce que j'ai souhaité, et je ne désire rien avec plus d'ardeur que de vous faire connaître de plus en plus mon caractère, qui est incapable de changement et de légèreté. Vous m'avez été plus cher que la vie, et plus je vous ai chéri et aimé, plus votre refroidissement m'a été sensible. Pardonnez si je vous parle à cœur ouvert; je n'ai plus retrouvé en vous depuis quelques années ce frère si adoré et si tendre pour moi. J'ai cru son amitié entièrement éteinte; j'en ai gémi, j'ai fait inutilement tous mes efforts pour tâcher de regagner son cœur. Mon chagrin m'a peut-être fait commettre des fautes; mais je me suis toujours aperçue, dans mon plus grand dépit, qu'au fond j'étais la même, que je prenais part avec chaleur à tout ce qui vous regardait, et surtout à cette gloire immortelle que vous vous êtes acquise. Je vous excuse, mon très-cher frère, en bien des choses; je suis informée de tous les bruits qui courent sur mon compte et sur celui