<16> me serait impossible de vous garantir si cela est sincère ou non, car elle est totalement changée, et je n'y connais plus rien. Cela va si loin, qu'elle m'a nui autant qu'elle l'a pu chez le Roi; cependant elle est aussi raccommodée. Pour Sophie, elle n'est aussi plus la même, car elle approuve tout ce que la Reine dit et fait, et elle est charmée de son grand nigaud.a Le Roi est plus difficile que jamais; il n'est content de rien, jusqu'à avoir perdu tout ce qui se peut appeler reconnaissance pour les plaisirs qu'on lui peut faire. Pour sa santé, elle va un jour mieux, et l'autre plus mal; mais pour les jambes, elles lui sont toujours enflées. Jugez dans quelle joie je dois être de sortir de cette turpitude, car le Roi ne restera que quinze jours tout au plus au camp. Adieu, mon adorable sœur; je suis si las, que je n'en puis plus, étant parti la nuit du mardi au mercredi, à trois heures, d'un bal de Monbijou, et étant arrivé aujourd'hui vendredi à quatre heures du matin ici. Je me recommande dans l'honneur de votre gracieux souvenir, et pour moi, je suis jusqu'à ma mort, ma très-chère sœur, etc.

13. A LA MÊME.

Münchberg, 2 juillet 1734.



Ma très-chère sœur,

Je suis au désespoir de ne pouvoir satisfaire mon impatience et mon devoir, qui serait de me venir jeter à vos pieds dès que je le pourrais;


a Les fiançailles de la princesse Sophie avec le margrave Frédéric de Schwedt furent célébrées à Potsdam, le 16 avril 1734; les noces eurent lieu le 10 novembre suivant. Quant au margrave Frédéric, voyez t. V, p. 73, et t. XXVI, p. 636.