<189> dans l'avenir, d'autant plus que notre chagrin ne porte aucun remède à nos maux, et que l'impossibilité de les changer nous doit inspirer de la patience et de la résignation. Nous devons nous féliciter de tous les malheurs qui ne nous arrivent pas, mais surtout jouir du bien qui nous arrive, et ne point permettre à l'hypocondrie et aux réflexions tristes de répandre de l'amertume sur nos plaisirs. Montaigne dit que chaque chose a deux anses, une bonne et une mauvaise;a il faut prendre les choses du bon côté et retenir l'esprit de la tristesse, parce que c'est un mal qui gagne, et qui empoisonne la plus belle vie. Voyez, je vous prie, jusqu'où du Châtelet m'égare. Je ne sais pas si tout ce que je dis n'est pas aussi fou qu'était la vie du défunt, et peut-être après ma mort me trouvera-t-on également quelque bouton sur la tunique interne du cerveau. Ma première folie est celle de vous ennuyer, ma chère sœur; elle est impardonnable; je vous en demande mille pardons, vous priant de me conserver quelque part dans votre souvenir, comme étant avec dévouement, tendresse et estime, ma très-chère sœur, etc.
196. A LA MÊME.
(Potsdam) 30 octobre 1747.
Ma très-chère sœur,
J'ai été réjoui en apprenant par votre lettre la continuation de votre bonne santé. Le coureur a délivré le chien entre les mains de la Reine, et j'ai ouï qu'il lui a fait grand plaisir. J'admire la duchesse de Würtemberg; je suis bien aise qu'elle soit partie de Stuttgart, car,
a Voyez t. XX, p. 31, et t. XXIV, p. 154.