<256> Hasse a chanté chez moi divinement; Monticelli m'a paru mauvais chanteur; on le dit bon acteur, mais l'action ne peut pas suffire à tout, et pour un chanteur, il faut de la voix et des grâces. Voltaire est parti pour Plombières,a et votre serviteur fera dans trois semaines le voyage de Silésie. Je fais mille vœux pour vous, ma très-chère sœur, en vous assurant que, quoique beaucoup de personnes vous aiment, il n'en est aucune qui vous est aussi tendrement attachée que, ma très-chère sœur, etc.

257. A LA MÊME.

(Potsdam) ce 12 (avril 1753).



Ma très-chère sœur,

Je bénis le ciel de ce que votre cure est finie, et je vous supplie avec toute l'ardeur possible de ne plus faire des expériences pareilles sur vous-même. Vous me demandez des nouvelles de Voltaire; voici la vérité de son histoire. Il s'est comporté ici comme le plus grand scélérat de l'univers. Il a commencé par vouloir brouiller tout le monde par des mensonges et des calomnies infâmes, dont il ne rougit pas; après quoi il s'est mis à écrire des libelles contre Maupertuis, et il prend le parti de König, qu'il hait autant que Maupertuis, pour chagriner le dernier, pour le rendre ridicule, et avoir la présidence de notre Académie; tout cela avec nombre d'intrigues que je supprime, et où sa noirceur, sa méchanceté et sa duplicité s'est fait connaître. Le voilà qui imprime son Akakia ici, à Potsdam, en abusant d'une permission que j'avais donnée d'imprimer la Défense de milord Bolingbroke. Je l'apprends, je fais saisir l'édition, la jette dans le feu, et


a Le 26 mars. Voyez t. XXII, p. 352, no 328.