<294> curé et pavané comme un jeune paon, et ce soir il verra son nom illuminé.

Je m'amuse à toutes sortes de pauvretés, faute de pouvoir faire mieux. Nous n'avons pas un chat d'étranger, et je ne me plains point de ma solitude; j'étudie, je lis, et je fais un peu de musique; avec cela, si l'on est raisonnable, on doit se contenter d'une vie douce, qui est ce qu'il y a de plus réel dans le monde. J'ai reçu de Dresde l'opéra d'Ezio, qui me paraît d'une musique fort travaillée, et où les instruments font beaucoup de bruit, sans que les voix y brillent à proportion.

Vous me mandez que Mandrina s'est retiré en Suisse; il pourra y faire un triumvirat avec Voltaire et madame de Bentinck. Si les proscriptions y ont lieu, ma tête sera perdue. Je me recommande, ma très-chère sœur, à votre précieux souvenir, me bornant de faire des vœux pour votre chère personne jusqu'à l'heureux jour où je pourrai vous assurer de vive voix de la tendresse infinie avec laquelle je suis, ma très-chère sœur, etc.

200. A LA MÊME.

Ce 17 (mars 1755).



Ma très-chère sœur,

J'ai été bien heureux aujourd'hui; je reçois deux de vos lettres, ma chère sœur, l'une du 17 février et l'autre du 20, datées d'Orange. Je suis charmé que vous vous amusiez à voir les antiquités du pays où vous êtes, et je ne doute pas que vous ne trouviez bonne compagnie


a Voyez t. IV, p. 34; t. IX, p. 175; t. XIV, p. 253; t. XV, p. 20; et t. XXIII, p. 181.