<296>être. Voilà, ma chère sœur, la gazette de Potsdam; celle de Berlin annonce l'opéra d'Ezio pour le jour de naissance de notre chère mère; mais les jours de fête lui ont fait différer la célébration de sa fête jusqu'au 1er d'avril. Après cela, ne me demandez autre chose, ma chère sœur, que l'extrait de mes lectures et de quelque chétive musique que je fais. Je suis réduit au seul d'Argens, qui, pour la plupart du temps, se campe dans son lit; Algarotti a fait un trou à la lune,a Maupertuis est malade, et Voltaire est en Suisse avec Mandrin; ce qui me réduit à moi-même plus que jamais.b Je vous embrasse mille fois; mon cœur vous accompagne partout, et je ne me croirai heureux que lorsque j'aurai le bonheur de vous assurer de vive voix de la tendresse infinie avec laquelle je suis, ma très-chère sœur, etc.
292. A LA MÊME.
Le 28 mars 1755.
Ma très-chère sœur,
Vous vous moquez de moi et, avec raison, des sottes moralités que je vous débite; mais, ma chère sœur, vous vous trouvez chez un peuple gai et fou qui vous inspire, peut-être malgré vous, des idées réjouissantes, et pour moi, je mène la vie qu'un chartreux passe dans sa cellule. Voilà, à ce que je crois, ce qui contribue à notre différente façon de penser. Je ne puis guère vous apprendre des nouvelles de ce canton-ci; je ne vous répéterai point ce que disent les gazettes,
a Voyez t. XX, p. 48.
b L. c, p. 55, no 26.