<31> trompé dans le commencement, mais à présent je m'aperçois du mystère. Vous pouvez compter, ma très-chère sœur, que, grâce à Dieu, il a la nature d'un Turc, et qu'il survivra à la postérité future, pour peu qu'il en ait envie et qu'il veuille se ménager. Pour la Reine, vous connaissez son bon cœur, qui ne se dément jamais; et quand même il paraît que les amis officieux à rendre de mauvais services y réussissent pour un temps, sa bonté et la tendresse qu'elle a pour ses enfants la ramènent d'abord. Je n'ai pas raison de me plaindre d'elle; au contraire, si je ne m'en louais pas extrêmement, j'en agirais comme un indigne et un ingrat. Je vous prie de faire bien mes compliments au Margrave; il a trop de bonté de relire ma lettre souvent; peut-être que la morale lui en plaît. Dégoûté du monde de tous les côtés, comme je le suis, je donne extrêmement dans les réflexions, qui me font connaître de plus en plus qu'il n'y a aucun bonheur stable et permanent à trouver ici-bas, et que plus l'on connaît le monde, et plus l'on s'en dégoûte, y trouvant plus de chagrin et de malheur que de sujets de joie et de bonheur. Étant à la veille de ma revue, vous vous imaginerez, ma très-chère sœur, que, indécis sur ce qui arrivera demain, vous croyez que je m'inquiète aujourd'hui; mais je commence à envisager toutes ces choses d'un œil plus indifférent qu'à l'ordinaire. Adieu, ma très-chère sœur; il n'y a que vous qui m'attachiez encore au monde par l'amitié et la tendresse avec laquelle je serai jusqu'au dernier soupir de ma vie, ma très-chère sœur, etc.
Permettez que je vous envoie ci-joint une petite marque de mon souvenir, à l'occasion de votre jour de naissance.