<359> mon sort; je vivrai et mourrai contente, pourvu que vous soyez heureux. Le cœur me dit que le ciel fera encore des miracles en votre faveur. Vos ennemis sont près de leur ruine; quand ils remportent quelque petit avantage, leur orgueil les rend présomptueux, et leur fait faire les plus grandes sottises de l'univers. Nous sommes heureusement quittes de nos hôtes incommodes; le dernier corps qui a passé par ici a raflé tout et ruiné presque totalement le pays, ayant abattu les blés et les arbres fruitiers avant que d'être mûrs; mais il faut prendre son mal en patience. Nous ne valons pas mieux que tous les autres princes qui sont encore plus malheureux que nous. Pardonnez, mon cher frère, si je finis; ma poitrine est si faible, que je puis à peine parler. Mon cœur jaserait depuis le matin jusqu'au soir, s'il pouvait parler et vous dire tout ce qu'il pense pour le cher frère dont je serai toute ma vie, avec un très-profond respect, etc.a

343. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

(Tamsel) 30 août 1758.



Ma très-chère sœur,

Dans ce moment je reçois votre chère lettre du 20 d'août, où je trouve toutes ces marques de votre amitié et de votre tendresse, à laquelle je me confie, et dont je suis aussi persuadé que du jour; mais, ma chère sœur, ce que je cherche à présent dans vos lettres, c'est l'état de votre santé, et voilà sur quoi vous me parlez si incertainement, que j'ai trouvé peu de consolation en la recevant. Pour Dieu,


a Cette lettre est de la main d'un secrétaire, excepté la date et la souscription. Frédéric en parle t. XXVI, p. 208.