<389> de le voir pour profiter quelque chose de son esprit, en ayant fort besoin, mais craignant fort de ne point réussir. Voltaire ne jure que par vous, mon cher frère, et dit qu'il souhaiterait de pouvoir vivre et mourir à vos pieds. Il est charmé et content de toutes les grâces qu'il a reçues à Berlin. Cependant, malgré tous ses talents, il ne me pourrait point dédommager, si j'avais l'espérance de pouvoir me retrouver dans la compagnie d'un frère que je chéris autant que vous le méritez, et pour lequel je serai toute ma vie, avec une tendresse et un attachement inexprimable, etc.

9. DE LA MÊME.

(Brunswic) 24 juin (1768).



Mon très-cher frère,

Après les regrets de vous avoir vu partir d'ici et le désagrément de me trouver de nouveau éloignée et privée de jouir de votre chère présence, il n'y a rien de si intéressant pour moi, et qui me tienne tant à cœur, que de vous savoir de retour chez vous heureusement et en parfaite santé.a Veuille le ciel que la fatigue du grand voyage que vous avez fait n'ait point altéré votre précieuse santé, et que vous vous portiez bien, ce qui me servira à la plus grande consolation pendant l'absence; et j'espère que vous continuerez vos grâces à votre fidèle sœur, qui n'a de plus grand désir que de pouvoir se rendre digne de toutes vos bontés, dont mon cœur ne cesse d'être pénétré. Mon bon frère Ferdinand est arrivé hier ici; j'ai été réjouie


a Frédéric était parti pour Loo le 1er juin 1768 (t. XXIV, p. 174), et il était de retour le 20. Dans ce voyage, il avait vu sa sœur à Brunswic et à Salzthal.