<4> baiseront,a ou, pour parler plus net, où j'aurai le plaisir de vous entretenir moi-même, et de vous assurer que rien au monde ne peut diminuer mon amitié pour vous. Adieu.
Le Prisonnier.
2. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
Berlin, 6 mars 1732.
Ma très-chère sœur,
Lundi prochain seront mes promesses, qui se feront tout comme les vôtres. La personne n'est ni belle ni laide, ne manquant pas d'esprit, mais fort mal élevée, timide, et manquant beaucoup aux manières du savoir-vivre : voilà le portrait naturel de cette princesse. Vous pouvez juger par là, ma très-chère sœur, si je la trouve à mon gré, ou non. Le plus grand mérite qu'elle a, c'est qu'elle m'a procuré la liberté de vous écrire, qui m'est l'unique soulagement que j'aie dans votre absence. Vous ne pouvez jamais croire, mon adorable sœur, combien de vœux je fais pour votre bonheur; tous mes souhaits y aboutissent, et tous les moments de ma vie je forme de ces souhaits. Vous pouvez voir par là que je vous conserve toujours cette amitié sincère dont nos cœurs ont été liés depuis leur plus tendre jeunesse;
a Cette lettre se trouve aussi dans les Mémoires de Frédérique-Sophie-Wilhelmine, margrave de Baireuth, Brunswic, 1810, t. I, p. 259 et 260. Au lieu des mots « se baiseront, » la Margrave a mis : « feront une douce harmonie, » et sous le texte la note suivante : « Mon frère avait donné ce titre à sa flûte, disant qu'il ne serait jamais véritablement amoureux que de cette princesse. Il en faisait souvent de jolis badinages qui nous faisaient rire. Pour y répondre, j'avais nommé mon luth prince, lui disant que c'était son rival. » Le texte de la lettre et de la note est tout à fait conforme, dans l'édition citée, à l'autographe des Mémoires de la Margrave, conservé à la Bibliothèque royale de Berlin.