<43> vous portiez, grâces au ciel, en parfaite santé. Que je suis charmé, ma très-chère sœur, de vous voir occupée à l'Ermitage,a dont je suis persuadé que vous ferez quelque chose de charmant. Que ne puis-je avoir la satisfaction de vous y rendre mes devoirs!
J'en viens à Wolff, qui n'est point confisqué ici, mais que l'on a tâché à persécuter de nouveau. Sa traduction en français ne s'imprime point; c'est moi qui me le fais traduire,b et si vous ordonnez d'en avoir une copie, je ne manquerai pas de la faire faire pour quand vous la voudrez. Le philosophe dont vous me parlez, ma très-chère sœur, m'a la mine d'être un grand revendeur de sophismes. La philosophie de Des Cartes a été très-bonne il y a quarante ans; mais à présent que Newton et enfin le célèbre Wolff y ont mis la dernière main, il ne s'agit plus de lui, et sa philosophie est aussi peu perfectionnée que l'est la musique d'Attilioc envers la composition de Graun.d Cet homme a du mérite, mais il n'a que celui des découvertes, et les autres celui de perfectionner. Il me serait impossible, ma très-chère sœur, de vous en dire davantage pour cette fois, car nous marchons cette nuit avec le régiment. Je me recommande à la continuation de vos précieuses grâces, étant à jamais, avec un respect et une amitié parfaite, ma très-chère sœur, etc.
a Voyez les Mémoires de la Margrave, t. II, p. 36, 43. 226, 227 et 202-258.
b Voyez t. XVI, p. XI, 273 et suivantes.
c Attilio Ariosti, né à Bologne, devint en 1698 maître de chapelle de l'électeur de Brandebourg, et fit représenter, en 1700, deux de ses opéras à Berlin. Il retourna en Italie en 1705.
d Voyez t. X, p. 198.