<434> ma sœur et moi, en ses bontés nous encourage à lui faire un aveu sincère sur l'état de nos petites finances, qui se trouvent fort dérangées, les revenus ayant été pendant deux ans et demi assez médiocres, ne consistant que de quatre cents écus par an, ce qui ne suffisait pas pour toutes les petites dépenses que l'ajustement des dames exige; ce qui, accompagné du jeu, quoique petit, dont nous ne nous pouvons dispenser, nous a entraînées à faire des dettes. Les miennes consistent en quinze cents écus, et celles de ma sœur dix-huit cents. Nous n'en avons pas parlé à la Reine-mère, quoique nous soyons fort persuadées qu'elle aurait tâché de nous aider; mais comme cela ne se serait point fait sans l'incommoder, et qu'elle se serait retranché de ses menus plaisirs, j'ai cru que nous ferions mieux de nous adresser à V. M., étant persuadées qu'elle nous aurait su mauvais gré si nous avions privé la Reine du moindre agrément, d'autant plus que nous vous regardons, mon cher frère, comme le père de la famille, et que nous espérons que vous aurez la grâce de nous aider. Nous n'oublierons jamais les bienfaits de V. M., et la supplions de vouloir être persuadée du parfait et tendre attachement avec lequel nous nous faisons gloire d'être toute notre vie
de Votre Majesté
les très-humbles et très-obéissantes
sœurs et servantes,
Louise-Ulrique.
Anne-Amélie.
P. S. Je supplie très-humblement V. M. de n'en point parler à la Reine-mère, puisqu'elle n'approuverait peut-être pas la démarche que nous venons de faire.a
a Toute cette lettre, excepté la signature Anne-Amélie et le post-scriptum, est de la main de la princesse Ulrique.