<441>bler; la vie de leur roi, de leur frère et, si j'ose le dire, de leur ami, était en danger sans qu'ils osassent le secourir, situation affreuse pour un chacun, mais bien plus cruelle encore pour des frères qui s'aiment. Cette journée, quelque glorieuse qu'elle ait été pour l'armée, pour la maison et pour toute la patrie, cette journée, mon cher frère, malgré tous ces avantages, vous coûte des regrets. Rien de plus grand que les termes touchants dont vous vous servez en parlant de ceux qui sont morts en combattant. Je les regretterai, dites-vous, toute ma vie; paroles qui mériteraient d'être gravées et conservées à jamais à la postérité. Qu'on soit, après cela, surpris du courage et de la valeur de vos troupes! Je suis persuadée qu'il n'y en a pas un seul qui ne souhaiterait se retrouver dans le cas de verser tout son sang pour l'amour de vous. Le siége de Prague nous cause encore bien des inquiétudes; je crains que les Autrichiens ne soient résolus de s'ensevelir dans les murs de la ville, ce qui coûtera encore bien du monde; cependant j'espère qu'ils ne pousseront pas les choses à l'extrémité, et qu'ils se rendront docilement comme prisonniers de guerre. On dit qu'il y a tout un nid de princes qui s'y est retiré avec les fuyards. Si les triomphes étaient encore en usage! Mais cette cérémonie ne vous plairait pas; vous vous contentez de triompher sur les cœurs de vos sujets et de vos peuples, et ce triomphe sera éternel pour vous.
J'ai l'honneur d'être avec le plus tendre attachement, etc.