<85>bleaux; les autres sont en trumeaux de glace et en boiserie dorée ou argentée. La plupart de mes tableaux sont de Watteau ou de Lancret,a tous deux peintres français de l'école de Brabant. Je prends la liberté de vous envoyer le dessin de Remusberg comme il est à présent; c'est le côté interne, qui donne sur le jardin et sur un lac. Knobelsdorff dessine actuellement l'autre façade.
73. A LA MÊME.
Ruppin, 15 novembre 1739.
Ma très-chère sœur,
Je vous envoie, comme vous me l'ordonnez, de mes faibles productions, ou plutôt de mes amusements. J'aime les vers passionnément, et quoique j'en fasse de mauvais, je ne saurais renoncer d'en faire. C'est être bien incorrigible; mais chacun a ses défauts dans ce monde, et je voudrais bien que ce fût là le plus grand que j'aie. Je sais que vous faisiez autrefois l'honneur à Apollon de paraître dans son temple, non seulement sous la forme d'Euterpe, mais aussi sous la forme de Calliope. Je ne sais ce qui en est à présent; toujours sais-je bien qu'alors vous réussissiez parfaitement.
Nous nous préparons à quitter Remusberg vers la fin de ce mois, et d'aller dans un monde un peu plus turbulent, plus inquiet et plus
a Voyez t. XIV, p. 36; t. XVIII, p. 58; t. XIX, p. 223; et t. XXV, p. 584 et suiv. M. Darget avait écrit à Frédéric : « Je connais le goût de Votre Majesté pour les ouvrages de Lancret. » Le Roi lui répondit, le 14 décembre 1754 : « Quant aux tableaux dont vous me parlez, je vous dirai que je ne suis plus dans ce goût-là, ou plutôt j'en ai assez dans ce genre. J'achète à présent volontiers des Rubens, des van Dyck, etc. » Voyez t. XX, p. 60 et 61.