81. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
(Baireuth) 4 juin 1740.
Sire,
Dans l'accablement et la douleur où m'a jetée la triste nouvelle de la mort du Roi, les assurances que Votre Majesté me donne de la continuation de ses bonnes grâces1_92-a font mon unique consolation. Je ressens bien vivement la perte que je viens de faire; la mort d'un<93> père ne peut qu'être sensible à des enfants qui se sont de tout temps piqués de respect pour leurs parents;1_93-a mais le mal étant sans remède, je tourne toutes mes pensées à faire mille vœux pour la conservation de V. M. et pour la prospérité de son règne. Ces vœux sont d'autant plus sincères, que mon cœur lui a été de tout temps dévoué, et que rien ne m'est plus précieux que ce cher frère. Je vous supplie de me continuer toujours cette amitié, qui a fait jusqu'ici tout le bonheur de ma vie, et de me croire jusqu'au tombeau, avec toute la tendresse et le respect imaginable,
Sire,
de Votre Majesté
la très-humble et très-obéissante
sœur et servante,
Wilhelmine.
1_92-a Le mot grâces est omis dans l'autographe.
1_93-a Après s'être exprimée peu favorablement sur le compte de ses parents dans ses Mémoires, la Margrave dit, t. II, p. 135, en parlant de son départ de Berlin au mois d'août 1733 : « Ce fut la dernière fois que je vis ce cher père, dont la mémoire me sera à jamais en vénération. »