118. A LA MÉME.
Camp de Brzezy, 23 mai 1742.
Ma très-chère sœur,
Vous savez que les victoires ne se remportent jamais sans pertes, et que les heureux succès ne sont jamais si complets, qu'ils ne soient mêlés de quelque amertume. C'est ce que me cause la perte de douze cents hommes de mes troupes, que je désire beaucoup de réparer, ayant écrit de tous côtés pour trouver du bon monde. Voudriez-vous bien prier le Margrave de ma part de m'en faire avoir, ne fût-ce qu'une centaine de gens bien conditionnés et de notre taille? Le Margrave ne saurait me faire un plus sensible plaisir, et il remettrait son brave régiment1_122-a par là en état de me rendre encore, par la suite, de bons services. Je vous prie de vous employer pour ce sujet, car j'ai cette affaire extrêmement à cœur. Les Autrichiens fuient encore. Ils vont jusqu'en Moravie, où je crois pourtant qu'ils s'arrêteront. J'espère que vous serez contente de la façon dont j'ai fini cette affaire, qui n'a point été sanglante, et cependant décisive.
Mille amitiés au Margrave. Vous connaissez, ma très-chère sœur, ma tendresse et tous les sentiments avec lesquels je suis, etc.
1_122-a C'était alors le 5e régiment de dragons. Voyez t. III, p. 129.