137. A LA MÊME.

Potsdam, 21 novembre 1743.



Ma très-chère sœur,

Je suis bien aise que votre université1_137-a vous ait divertie. Je tremble déjà d'avance de tous les savants qui en sortiront, et, s'ils commencent à disputer sur la divisibilité de la matière, quels ne seront point leurs progrès! Cependant vous n'aurez rien fait, ma chère sœur, tant que la duchesse de Würtemberg n'aura point disputé contre votre chancelier et vos professeurs.

<138>Nous avons reçu ici notre nouveau maître de ballets,1_138-a qui a dansé hier pour la première fois à la Comédie, et c'est sans contredit un des grands sujets pour la danse qu'il y ait en Europe; il danse, dans le sérieux comme dans le comique, avec une grâce et une légèreté infinie. Sa sœur est une très-jolie danseuse, qui danse dans le gracieux et avec une précision infinie. Nous attendons pour le second opéra Salimbeni et la Barberina,1_138-b qui compléteront ce qui peut encore manquer à nos divertissements. Ce sera le Ier de décembre que commenceront nos plaisirs. On attend beaucoup d'étrangers pour cet effet, et je crois que nous en aurons plus que nous n'en voudrons. Adieu, ma très-chère sœur; je vous souhaite mille plaisirs et contentements, vous priant de me croire avec une tendresse parfaite, etc.

Mille amitiés au Margrave et à la petite Frédérique, je vous prie.


1_137-a Voyez ci-dessus, p. 64.

1_138-a Lani. Voyez t. XIX, p. 32 et 33, et t. XXV, p. 581, 583 et 611.

1_138-b Voyez t. XXV, p. 581 et 582.