172. A LA MÊME.
Potsdam, 18 juillet 1746.
Ma très-chère sœur,
Je suis bien aise de vous voir aux amusements; c'est un signe que votre santé vous permet de jouir des plaisirs. Je n'ai point entendu<165> chanter Hasse, mais je connais son goût, qui est admirable. Carestini est un chanteur passé, et la Faustine aussi. Pour Salimbeni,1_165-a c'est ce qu'il y a presque de meilleur à présent; il chante avec une grâce infinie, un goût et une finesse qui ne se trouvent guère. Nous aurons cet hiver l'opéra de Scipion et de Cajo Fabricio; j'espère que les décorations et les habillements y répondront. La fête de Charlottenbourg a été un peu dérangée;1_165-b mais le mal est tout réparé à présent. Nous avons été à Oranienbourg et à Remusberg, où nous avons fait tout ce que nous avons pu pour amuser la Reine. Je pars dans huit jours pour faire une tournée en Silésie. Vous avez trop de bonté de penser à ma goutte; elle m'a laissé une enflure aux jambes qui me déplaît beaucoup. Quand l'âge s'avance, il ne faut pas s'étonner à la vue des infirmités qui l'accompagnent. Je vous prie, ma chère sœur, de me croire avec toute la tendresse possible, etc.
1_165-a Voyez t. X, p. 195.
1_165-b Frédéric écrit à la Margrave dans une lettre inédite du 1er juillet : « La Reine a été à Charlottenbourg; le feu a pris aux chambres des domestiques, et nous avons été obligés de quitter ce lieu pour faire réparer la maison. »