273. A LA MÊME.
Le 4 mai 1754.
Ma très-chère sœur,
Après avoir fait mon petit calcul, je me suis arrangé de façon à pouvoir vous rendre mes devoirs le 18 du mois prochain. Oserais-je vous prier, ma chère sœur, d'inviter pour lors ma sœur d'Ansbach, et de lui écrire que je viendrai? Ce sera ajouter une faveur à celle que vous me faites de me recevoir. Je vous avoue que ce m'est une<275> grande joie de revoir mes parents et des personnes aussi chères. Je souhaite, ma très-chère sœur, que je nous retrouve en parfaite santé et contente. Je vous avertis que je ne viens que pour vous; et si vous me voulez faire plaisir, recevez-moi, je vous supplie, comme je vous ai reçue, sans façon et sur le pied de l'amitié. Je suis charmé de ce que vous soyez contente de mon opéra. Quant aux cavatines, j'en ai vu de Hasse qui sont infiniment plus jolies que les airs, et qui passent rapidement. Il ne faut des reprises que lorsque les chanteurs savent varier la musique; mais il me semble que, d'ailleurs, il y a de l'abus à répéter quatre fois la même chose. Vos comédiens, ma chère sœur, n'ont jamais été mis à si mauvaise sauce; ils maudiront bien l'auteur d'un drame en prose, et trouveront l'invention gothique et vandale. Carestini me quitte pour la Russie, mais il revient dans un an. J en reçois un nouveau dont on me dit du bien; mais il faut l'entendre. Je suis bien de votre sentiment, qu'il faudra désormais chercher en Italie des voix sans méthode pour les former en Allemagne; mais encore les voix sont-elles difficiles à trouver bonnes. Je me recommande, ma très-chère sœur, à votre amitié et à votre souvenir, en vous assurant que personne n'est avec un plus sincère attachement, ma très-chère sœur, etc.