7. DE LA MÊME.

Ulrichsdal, 26 juillet 1746.



Mon très-cher frère,

Je viens de recevoir dans le moment un ballot qui m'a apporté des figures de porcelaine de Dresde, les plus belles du monde. N'ayant<421> aucune connaissance assurée d'où elles viennent, je ne puis juger autrement que c'est une nouvelle marque, mon cher frère, de vos bontés. Vous me permettrez que j'ose vous en marquer ma parfaite reconnaissance, et vous assurer que l'on ne peut être plus sensible que je le suis à toutes les marques que vous me donnez journellement de l'amitié la plus tendre. Si un attachement parfait pour votre personne pouvait contre-balancer votre bienveillance, je pourrais être contente; mais je ne sens que trop, mon cher frère, que je ne puis rien mettre d'assez fort pour contre-balancer une amitié qui est au-dessus de tous les prix; je n'ai qu'un cœur, qui vous est tout dévoué, et qui vous le sera aussi longtemps que je vivrai.

Je viens d'apprendre dans le moment, par les lettres que le Roi a reçues, que vous aviez, mon cher frère, rappelé le comte Finck. Je conçois les services qu'il est en état de vous rendre, mon cher frère, en Russie, ayant eu occasion de connaître sa capacité et ses bonnes intentions. J'avoue que c'est une vraie perle que le Prince royal, aussi bien que moi, ferons de sa personne, ayant eu sujet de nous louer tous deux de sa façon d'agir et de la confiance que nous lui avons témoignée. S'il y avait moyen, mon cher frère, qu'il pût rester jusqu'à la moitié de la diète, je crois que ce serait un grand bien pour les affaires d'ici, et je crois, mon cher frère, que je ne hasarde rien avec vous en vous disant en confidence que le Prince royal le souhaiterait beaucoup. Je ne saurais assez dire combien le comte Finck a trouvé le moyen de gagner l'esprit du prince, et je crains que celui qui pourra lui succéder, il ne lui faille beaucoup de temps pour réussir comme le premier. Je me flatte, mon cher frère, que vous ne désapprouverez point que je hasarde de vous faire cette prière; elle est toujours subordonnée à vos volontés, et je m'y conformerai. Je me flatte cependant que la personne que vous destinez, mon cher frère, à remplir le poste d'ici sera de connaissance, étant difficile de donner sa confiance à quelqu'un dont le caractère est entièrement<422> inconnu. Nous attendons en peu de jours MM. Korff, de Russie, et Holsten, de Danemark, qui vient avec le titre d'ambassadeur. Tout cela fait augurer qu'il y a quelques raisons de conséquence qui les amènent; mais il est impossible de les découvrir jusqu'à présent.

Je vous supplie, mon cher frère, de me conserver toujours vos bonnes grâces, et d'être persuadé que l'on ne saurait être avec une tendresse et vénération plus parfaite que je le suis, mon très-cher frère, etc.