32. DE LA MÊME.
Le 15 avril 1775.
Mon très-cher frère,
Vous avez bien de la bonté, mon cher frère, de prendre tant d'intérêt à ma santé; elle est toute rétablie, mais le médecin et le temps ne<464> veulent pas que je sorte. Je ne me rappelle pas que nous ayons eu un printemps si malfaisant et si désagréable depuis bien des années; mais il n'y a rien à faire, il faut le prendre comme il vient. J'ai fait ici, après bien des recherches, une découverte magnifique d'ancienne musique qui date du quinzième siècle;1_464-a c'est tout ce que l'on peut voir de plus savant, de plus touchant, de plus correct et de mieux exprimé. Je fais mes délices avec ces vieux bouquins à moitié usés par le temps. Mes heures s'écoulent dans les douceurs d'une harmonie céleste. Vous vous moquerez, mon cher frère, de mon enthousiasme; mais la musique a fait de tout temps ma passion. J'implore votre indulgence, mon cher frère, vous suppliant très-humblement d'être persuadé du respect et du tendre et soumis attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être, mon très-cher frère, etc.
1_464-a La princesse parle de l'ouvrage principal de Hans-Leo Hassler (né à Nuremberg en 1564, mort à Francfort-sur-le-Main en 1612), dont un exemplaire, imprimé à Nuremberg en 1667, avait été retrouvé au collége du Cloître gris, à Berlin. Elle en fit faire, par Jean-Philippe Kirnberger, musicien de sa chapelle, une nouvelle édition, sous le titre de : Psalmen und Christliche Gesänge, mit vier Stimmen, auf die, Melodien fugenweis componirt : durch Hanns Leo Hassler, Römisch Kayserl. Majest. Hofdiener. Auf Befehl einer hohen Standesperson aufs neue ausgefertiget. Leipzig, aus Johann Gottlob Immanuel Breitkopfs Buchdruckerey, 1777, cent cinquante pages in-folio.