3. A LA MÊME.
Le 11 août 1782.
Ma très-chère nièce,
Le coup funeste dont vous avez été atteinte m'a frappé également, ma chère nièce; cet événement fatal est arrivé lors même que toute la famine se flattait que nous pourrions encore conserver longtemps cette sœur si tendrement aimée. Je vous plains de tout mon cœur d'avoir perdu une mère si digne de votre attachement et de votre affection, d'autant plus que personne ne réparera cette perte. Les enfants sont destinés à porter leurs parents au tombeau; mais j'étais plus âgé que ma sœur, je devais la précéder, et c'est malheureusement moi qui lui paye le tribut de mes larmes. Ah! ma chère nièce, je ne suis guère en état de vous consoler; j'ai besoin de secours moi-même. Il faut, malgré qu'on en ait, que la raison étouffe la voix de la nature, et que le temps nous habitue à des privations aussi sensibles que sont celles de nos plus proches parents, qui ont sur nous les droits que le sang et leur mérite personnel leur donnent. Je vous embrasse, ma chère nièce; je prendrai toujours part à tout ce qui vous regarde, étant avec le plus tendre attachement, etc.