23. AU MÊME.
Le 21 décembre 1769.
Monsieur mon cousin,
J'avoue à Votre Altesse que la nouvelle de ma nièce qu'elle me mande m'a étrangement frappé. J'ai été dans la ferme persuasion que ma nièce avait déjà eu la petite vérole, et que par conséquent cette funeste maladie n'était plus à craindre pour elle. Ce qui fait une plus forte impression sur mon esprit, c'est que son frère en est mort,2_126-a et qu'en vérité le plus habile médecin ne peut donner des espérances,<127> dans cette affreuse maladie, que lorsque la fièvre de suppuration est passée. Je vous avoue, mon cher prince, que, aimant ma nièce comme si c'était ma fille unique, je suis dans d'étranges inquiétudes sur son sujet, dont je ne pourrai être tiré que dans huit jours. Je ne puis faire que des vœux, c'est où se borne toute l'assistance qu'elle peut tirer de moi; mais ces vœux sont bien ardents et bien sincères. Je vous remercie, mon cher prince, de la peine que vous vous donnez de m'informer de ces tristes circonstances; cela redouble, s'il se peut, la tendresse, l'estime et l'attachement avec lequel je suis, etc.
2_126-a Le jeune prince Henri de Prusse était mort le 26 mai 1767. Voyez t. VII, p. 52 et 53.