<102> faire beaucoup de mal, parce que votre unique attention doit être de procurer du repos à vos troupes dans leurs quartiers. J'ajoute pour seconde maxime que la meilleure méthode est d'envoyer les régiments par brigades dans leurs quartiers, pour que les généraux les gardent sous leur inspection. Notre service demande aussi qu'on place, tant qu'on le peut, les régiments auprès des généraux qui en sont les chefs. Cette règle cependant est sujette à des exceptions, et c'est au général en chef à voir jusqu'où il peut y avoir égard.

Voici la règle que je donne pour l'entretien des troupes. Si leurs quartiers sont dans mon pays, il faut que je donne une gratification aux capitaines et aux subalternes, que le soldat reçoive le pain gratis, et de la viande de même. Si c'est en pays ennemi, le général principal aura quinze mille,a ceux d'infanterie et de cavalerie dix mille, les lieutenants-généraux sept mille, les généraux-majors cinq mille, les capitaines de cavalerie deux mille, les capitaines d'infanterie dix-huit cents, les subalternes cent ducats, le soldat pain, viande et bière gratis, que fournit le pays, mais point d'argent, car l'argent le fait déserter. Il faut que le général tienne la main que tout cela se fasse avec ordre. Point de pillage; mais il ne faut pas non plus qu'il chicane trop les officiers sur quelques légers profits. Si l'armée est en pays ennemi, c'est au général à la recompléter. Il distribue, par exemple, les cercles : trois régiments sur celui-ci, quatre sur celui-là, etc. Il subdivise ces cercles, et les assigne comme des cantons. Si les états veulent livrer les recrues, tant mieux; sinon, on use de force. Il faut les faire livrer de bonne heure, pour que les officiers aient le temps de les exercer, qu'ils soient en état de servir le prin-


a Comme les mots pays ennemi font allusion à l'Autriche, il est probable que les sommes indiquées ici doivent être énoncées en florins. Le mot florins, qui manque soit dans notre autographe, soit dans la traduction, se trouve dans le texte des Œuvres de Frédéric II, roi de Prusse, publiées du vivant de l'auteur. A Berlin, 1789, t. III, p. 373. Le premier texte autographe de l'ouvrage de Frédéric, intitulé Instruction pour les généraux, ne renferme pas encore le passage relatif aux gratifications.