<105>sur ce duché, et j'étais par conséquent obligé d'agir en hiver pour profiter de tout ce qui pouvait m'être avantageux, de m'emparer de toute la province, et d'établir le théâtre de la guerre auprès de la rivière de la Neisse, au lieu que, en attendant le printemps, nous aurions eu la guerre entre Crossen et Glogau, et j'aurais peut-être obtenu après trois ou quatre campagnes obstinées ce que je gagnais tout d'un coup alors par une marche toute simple.a Cette raison était valable, à ce que je crois.

L'année 42, je fis une campagne d'hiver en Moravie, pour dégager par celle diversion la Bavière; et si je ne réussis pas, c'est que les Français étaient des lâches, et les Saxons des traîtres.b

L'hiver de 44 à 45 se fit la troisième campagne d'hiver. Les Autrichiens entrèrent en Silésie, et je fus obligé de les en faire chasser.c

L'hiver de 45 à 46, les Autrichiens et Saxons voulurent pénétrer dans mes États héréditaires et y porter le fer et le feu. Je suivis mes principes, et je portai pendant les rigueurs de l'hiver la guerre chez eux.d

Dans de pareilles circonstances, je ferai toujours la même chose, et j'approuverai la conduite de mes officiers, s'ils le font; mais je blâme en même temps tous ceux qui de gaîté de cœur s'engagent dans de pareilles entreprises.

Quant au détail de ces campagnes d'hiver, l'on fait marcher par des cantonnements extrêmement serrés quelquefois deux ou trois régiments, même d'infanterie, dans un village, s'il est grand. L'on fait même entier toute l'infanterie dans une ville. C'est de cette façon que le prince d'Anhalt marcha en Saxe, prenant ses quartiers à Eilenbourg, Torgau, Meissen; il campa depuis. J'omets deux ou trois petites villes dont j'ai oublié le nom.


a Voyez t. II, p. 56 et suivantes.

b L. c., p. 116 et suivantes.

c Voyez t. III, p. 87 et suivantes.

d L. c., p. 164 et suivantes.