<119>doit dépêcher bien vite la besogne. Si l'on est plus faible que l'ennemi, il faut choisir un terrain qui va en se rétrécissant devant le front, de sorte que la ligne de l'ennemi est toujours débordée par la vôtre, de sorte que son nombre lui devient inutile, et vous, quoique plus faible, vous lui pouvez tenir tête. Les camps défensifs sont ou ceux de fourrage, quand ils sont proches de l'ennemi, ou ceux que l'on appelle postes. La force d'un camp défensif doit consister dans son front et dans ses ailes; quel qu'il soit, le derrière en doit être dégagé de défilés, pour que l'armée puisse en sortir sans embarras. On ne trouve presque jamais dans la nature un terrain à souhait et tel qu'on le désire; il faut y suppléer par l'art, remuer la terre, faire des redoutes avec des fougasses, et réduire l'ennemi à des points d'attaque. Les abatis sont bons quand on a le temps de les perfectionner; sans cela, ils ne valent rien. Quelque camp fort que l'on prenne, il faut supposer que l'ennemi peut marcher par sa droite ou par sa gauche, et, en ces cas, il faut avoir choisi d'avance un ou deux camps où l'on peut marcher dans le besoin, sans quoi, par ses marches, l'ennemi vous forcera au combat quand il le voudra.

DES DÉTACHEMENTS.

Lorsqu'on a vis-à-vis de soi beaucoup de troupes légères, on est forcé à faire des détachements pour couvrir sa ligne de défense, surtout pour protéger ses convois de vivres. Ces détachements doivent être forts; ceux qui sont à portée d'être soutenus de l'armée sont les meilleurs. On peut les hasarder davantage et les rendre plus forts lorsqu'on est éloigné de l'armée de l'ennemi; on n'ose guère les éloigner quand l'ennemi, avec son grand corps, se trouve dans le voisinage. Ces détachements doivent toujours se poster derrière des défilés et dans des terrains étroits, pour avoir le temps de se retirer ou