<120>du moins, s'il faut combattre, ne point être accablé par le nombre. Pour peu qu'il se trouve de proportion entre les troupes légères des deux armées, et que les gens du pays ne soient pas totalement contre vous, il faut que les détachements masquent leur défensive par des entreprises conduites avec sagesse sur les détachements et vivres des ennemis. En un mot, lorsqu'on se tient trop serré, l'ennemi forme sans soin des projets contre vous; lorsqu'on en forme contre lui, il pense à se précautionner contre vos entreprises, et cela le met sur la défensive.
DES VIVRES ET DES PRÉCAUTIONS QU'ILS EXIGENT.
Une armée est une multitude d'hommes qui veut être nourrie tous les jours;a cette nourriture consiste en bon pain, bonne viande, des légumes qu'on trouve aux environs du camp, de Peau-de-vie, et, si l'on peut, de la bière. Il ne suffit pas d'avoir en abondance toutes ces denrées dans l'armée, il faut encore que tout soit à bon marché. Pour pourvoir à ces besoins, on fait des magasins sur la frontière d'où l'on veut commencer les opérations. Si une rivière vous favorise, on y charge dessus des provisions pour plusieurs mois, selon que l'on juge en avoir besoin; si l'on manque de rivière, on fait charrier avec soi pour un ou deux mois de farine, on en fait un dépôt général dans un endroit que l'on accommode ou avec des ouvrages de terre, des palissades, etc., et on y met bonne garnison, qui sert ensuite d'escorte pour les provisions journalières qui vont au camp. Nous avons des moulins à bras dont nous pouvons nous servir et prolonger nos subsistances par ce moyen. Il y a une bonne manière d'assurer les convois, qui est de placer un gros corps entre l'ennemi et le convoi, et d'y donner une escorte à part; l'ennemi craint alors
a Voyez ci-dessus, p. 10 et 18.