<121>de s'engager entre le détachement et l'escorte, et par ce moyen on le lient en respect. On doit aussi occuper d'avance les postes et défilés que le convoi doit passer, pour ôter à l'ennemi le moyen de s'en servir, et il faut faire parquer les chariots toutes les fois qu'ils passent ces sortes d'endroits. La partie des vivres est la plus intéressante. Si l'ennemi veut faire une guerre défensive, il ne peut vous entamer que par vos subsistances; tous ses détachements n'ont d'autre but que celui-là, et toutes ses troupes légères sont en campagne à ce dessein, ce qui oblige à employer la plus grande prudence et jusqu'aux précautions superflues, pour assurer vos convois, car, si vous êtes vaincu par la misère, vous l'êtes plus fort que si vous perdiez une bataille.
DES FOURRAGES.
On fourrage lorsqu'on est loin de l'ennemi; on fourrage aussi lorsque l'on est campé dans son voisinage. Quand on est loin de l'ennemi, on n'a qu'à donner un bon général et une bonne escorte aux fourrageurs pour les garantir des troupes légères, avec une disposition bien adaptée au terrain, et l'on n'a rien à craindre. Les fourrages qui se font près de l'armée ennemie exigent beaucoup plus de précaution; si l'on peut, il faut fourrager le même jour que l'ennemi et observer, comme je l'ai dit en parlant des camps, de choisir un camp fort dans un terrain étroit, d'y faire de bonnes redoutes entourées de fougasses, car c'est un des moments qu'un ennemi habile choisira de préférence pour vous attaquer, vous sachant affaibli d'un quart de vos forces, qui sont au fourrage. Ces fourrages doivent se faire avec plus de précautions encore que les autres; il faut avoir le plus de partis en campagne que l'on peut, pour savoir ce que fait l'ennemi, se servir de tous les espions que l'on peut trouver, car, comme je l'ai dit, l'ennemi pourrait vous attaquer pendant le four-