<155> ennemis, ensuite les miens, et d'entrer alors dans la discussion de ce qui regarde proprement les manœuvres de l'armée que je vous donne à commander.
Le projet des Autrichiens est d'agir avec leurs plus grandes forces contre la Silésie, tandis que l'armée de Clermont, moyennant un nouveau traité que ces gens voulaient faire avec le roi d'Angleterre, devait pénétrer dans le Magdebourg, ou marcher par Brème dans le Mecklenbourg et se joindre par ce pays aux Suédois. L'armée de Soubise devait faire à peu près la même manœuvre que vous lui avez vu faire l'année précédente, c'est-à-dire, pénétrer en Saxe du côté de la Thuringe pour gagner l'Elbe, pendant que les troupes des cercles et quelques mille Autrichiens devaient entrer en Saxe par Freyberg; et un détachement de Hongrois était destiné d'ailleurs pour infester la Lusace et faire de là des courses dans le Brandebourg. Or, de ce projet, tout ce qui regarde l'armée de Clermont est entièrement rompu; si, comme on peut l'espérer, l'armée de Soubise fuit en même temps, et que tout cela aille vers le Rhin, la Saxe ni le pays de Brandebourg n'auront rien à craindre de sitôt de la part des Français. L'armée que vous commandez ne trouvera donc probablement contre elle que les cercles, joints au corps de Marschall.
De ce côté-ci, les Autrichiens espèrent de persuader les Russes qu'ils envoient le corps de Schuwaloff à leur secours; ce corps a fait des magasins du côté de Grodno, et il ne peut arriver ici que vers la fin de juin. Cela m'oblige de frapper un grand coup sur les Autrichiens tandis que j'ai toutes mes forces ensemble, et avant que ce secours, s'il arrive, m'oblige de détacher. Voici donc mon projet de campagne : prendre Schweidnitz tranquillement, laisser un corps de quinze mille hommes pour couvrir les montagnes, ou, au cas que quelque corps voulût passer par la Lusace, mon détachement peut s'y opposer; ensuite porter la guerre en Moravie. Si je marche droit à Olmütz, l'ennemi viendra pour le défendre; alors nous aurons une