<17> d'être fortifié, et l'ennemi battu dans une pareille rencontre n'a plus de retraite. Mais, supposé que les Autrichiens aillent de leur côté en tâtonnant, il faut alors tomber sur le corps d'un de leurs détachements ou de leur avant-garde, et se servir de la ruse pour les enhardir et pour profiter alors de leur témérité.

La défense du Brandebourg est beaucoup plus difficile, à cause que le pays est ouvert, et que les bois qui confinent avec la Saxe rendent les marches et les camps mauvais; cependant je crois qu'il faudrait s'y prendre ainsi.

Berlin, qui est une ville ouverte et la capitale du pays, doit attirer ma principale attention. Cette ville n'est qu'à douze milles de Wittenberg. Je suppose que l'armée des ennemis s'assemble auprès de cette dernière place. Les ennemis peuvent former trois desseins : l'un, de longer l'Elbe, qui leur deviendrait très-difficile à cause de Magdebourg, qui n'est pas une ville qu'on puisse laisser sur ses derrières; l'autre, par l'Oder et le Nouveau-Canal,a qui leur laisserait tout leur pays à découvert, et où on les rejetterait d'abord en Saxe, en marchant à Wittenberg; le troisième dessein est celui de marcher droit à Berlin. La meilleure défensive que l'on puisse faire, c'est de marcher en Saxe, comme nous le fîmes l'hiver de 1745.b Se retirer derrière la Sprée ou la Havel, c'est perdre le pays. J'aimerais mieux assembler mon armée auprès de Brandebourg, mettre mes vivres à Brandebourg et Spandow, faire abattre tous les ponts de la Havel, hors ceux de ces villes, et forcer quelques marches pour rencontrer les Saxons dans leur pays, les battre et les mettre à leur tour sur la défensive. On dira tout ce qu'on voudra, mais il n'y a point d'autre parti à prendre.

Les projets de campagne les plus difficiles à faire, ce sont ceux par lesquels on doit s'opposer à beaucoup d'ennemis puissants; c'est


a Voyez t. I, p. 76; t. V, p. 18; et t. XXVII. III, p. 41.

b Voyez t. III, p. 165 et suivantes.