<180> se dévouent aux armes sans vocation et sans talents, méritent le grade de généraux.
Voilà en peu de mots l'idée des principes sur lesquels les Autrichiens font la guerre présente. Ils l'ont beaucoup perfectionnée. Cela même n'empêche pas qu'on ne puisse reprendre sur eux une entière supériorité. L'art dont ils se servent avec habileté pour se défendre nous fournit des moyens pour les attaquer.
J'ai hasardé quelques idées sur la manière d'engager avec eux des combats. Je dois y ajouter deux choses que je crois avoir omises, dont l'une est d'avoir un grand soin de bien appuyer le corps que vous menez attaquer l'ennemi, de crainte qu'il ne lui arrive, en chargeant, d'être pris lui-même en flanc au lieu d'y prendre celui qu'il assaillit; et l'autre consiste d'imprimer dans l'esprit des chefs des bataillons que, lorsqu'ils les mènent au combat, ils aient une attention particulière à ne leur point permettre de se débander, surtout lorsque, dans l'ardeur du succès, ils poussent devant eux des corps ennemis, et cela, par la raison que l'infanterie n'a de force que tant qu'elle est tassée et en ordre, et que, lorsqu'elle est séparée et presque éparpillée, un faible corps de cavalerie qui tombe sur elle dans ce moment de dérangement suffirait pour la détruire. Quelques précautions que prenne un général, il reste toujours beaucoup de hasards à courir dans l'attaque des postes difficiles et dans toutes les batailles.
La meilleure infanterie de l'univers peut être repoussée et mise en désordre dans les lieux où elle a à combattre le terrain, l'ennemi et le canon. La nôtre, énervée et même abâtardie, tant par ses pertes que par ses succès mêmes, demande d'être conduite avec ménagement aux entreprises difficiles; il faut se régler sur sa valeur intrinsèque, proportionner ses efforts à ses facultés, et ne point l'exposer inconsidérément à des épreuves de valeur qui demandent dans les périls éminents une patience et une fermeté inébranlables.
Le sort des États dépend des actions décisives; un emplacement