<20>Outre les chariots qui conduisent pour cinq joursa de pain à la suite des régiments, le commissariat a ses caissons à part, et tout ce charroi pris ensemble peut conduire pour un mois de provisions pour l'armée. Cependant, s'il est possible, il faut se servir des rivières; elles seules peuvent maintenir l'abondance dans l'armée. Il faut que les caissons soient attelés par des chevaux. Nous nous sommes servis de bœufs, et nous nous en sommes mal trouvés. Il faut que des écuyers préposés à ces charrois et à ceux de l'artillerie en aient grand soin, et que le général y tienne la main; car la perte des bêtes diminue le nombre des caissons et par conséquent de vos vivres. De plus, quand les chevaux ne sont pas bien entretenus, leurs forces ne fournissent pas à la fatigue, et vous perdez dans les marches rudes vos chevaux, vos caissons et votre farine. Ces pertes réitérées deviennent de conséquence; elles tiennent aux grands projets de la guerre. Ainsi le général doit avoir une attention particulière à des détails qui lui sont aussi importants. Nous avons l'Elbe pour nous contre la Saxe, et l'Oder pour défendre la Silésie. Il faudrait se servir de la mer en Prusse; en Bohême et en Moravie, l'on ne peut compter que sur les caissons.

L'on forme quelquefois trois ou quatre dépôts de vivres sur une même ligne. Voilà comme nous fîmes en Bohême l'année 1742. Nous avions des magasins à Pardubitz, Nimbourg, Podiebrad et Brandeis, pour être en état de côtoyer les ennemis, et de les suivre vers Prague, en cas qu'ils entreprissent d'y marcher. Dans la dernière campagne que nous avons faite en Bohême, Breslau fournissait Schweidnitz, Schweidnitz fournissait Jaromircz, et Jaromircz nourrissait l'armée. Outre les caissons, l'armée mène avec elle des fours de fer; leur nombre n'était pas suffisant, je l'ai fait augmenter, et il faut, au moindre jour de repos, faire cuire du pain d'avance. Dans toutes les expéditions qu'on entreprend, il faut avoir pour dix jours de


a La traduction porte, p. 18 : auf acht Tage.