<6> que la chaîne soit plus serrée; 5o en ne souffrant point que le soldat se débande, mais en obligeant les officiers de les mener en rang et file à la paille ou à l'eau; 6o en punissant sévèrement la maraude, qui est la source des plus grands désordres; 7o en ne retirant les gardes des villages, les jours de marche, que lorsque l'armée est déjà en bataille; 8o en ne marchant de nuit que lorsqu'une raison importante l'exige; 9o en faisant des défenses rigoureuses pour que, les jours de marche, aucun soldat ne quitte son peloton; 10o en faisant faire des patrouilles de hussards à côté de l'infanterie lorsqu'elle passe les bois; 11o en plaçant des officiers à l'entrée et à la sortie des défilés, pour reformer les troupes; 12o en cachant soigneusement aux troupes les mouvements que l'on est obligé de faire en arrière, et en les couvrant de prétextes qui leur fassent plaisir; 13o en étant toujours attentif à ce que les troupes ne manquent de rien, soit pain, viande, paille, eau-de-vie, etc.; 14o en examinant les raisons de la désertion, lorsqu'elle se met ou dans un régiment, ou dans une compagnie, pour savoir si le soldat a reçu régulièrement son prêt et toutes les douceurs qui lui sont assignées, ou si son capitaine est coupable de malversation.
L'entretien de la discipline n'exige pas moins de soins. On dira peut-être : Les colonels y tiendront la main; mais cela ne suffit pas. Il faut que tout soit monté au plus parfait dans une armée, et que l'on voie que ce qui se fait est l'ouvrage d'un seul homme. La plus grande partie d'une armée est composée de gens indolents; si le général n'est sans cesse à leurs trousses, toute cette machine si ingénieuse et si parfaite se détraquera bien vite, et le général n'aura plus qu'en idée une armée bien disciplinée. Il faut donc s'accoutumer à travailler sans cesse, et ceux qui le feront verront par leur expérience que cela était nécessaire, et qu'il se trouve tous les jours des abus à réprimer que ceux-là seuls ne voient pas, qui ne se donnent pas la peine d'y regarder.