<66>chande pas du tout, on jette simplement quelques troupes sur les flancs du corps qui marche à eux, pour les couvrir, et, en ne les marchandant point, on les fait plier où l'on veut. Nos hussards et nos dragons les attaquent serrés et le sabre à la main. Ils ne sauraient tenir contre cette attaque; aussi les a-t-on toujours battus, sans égard au nombre, qui était toujours de leur côté.
ARTICLE XX. PAR QUELS MOUVEMENTS ON OBLIGE L'ENNEMI D'EN FAIRE NÉCESSAIREMENT DE SON COTÉ.
Si l'on croit qu'il suffit de remuer son armée pour que l'ennemi en fasse autant de son côté, l'on se trompe beaucoup. Ce n'est pas le mouvement qui décide, mais la façon de le faire. Tous les mouvements d'apparence ne dérouteront point un ennemi habile; il faut des positions solides qui lui donnent lieu à des réflexions sérieuses, pour le faire décamper. Pour cet effet, il faut bien connaître le pays, le général auquel on a affaire, les endroits où il a ses magasins, les villes qui lui importent le plus, et les lieux dont il tire son fourrage, combiner toutes ces choses, et faire là-dessus des projets après avoir bien médité la matière. Celui des deux généraux qui calculera le plus de coups de suite gagnera à la longue tout l'avantage sur son rival.
Au commencement de la campagne, celui qui rassemble le premier son armée, et qui marche le premier en avant pour attaquer une ville ou pour prendre un poste, oblige l'autre à se régler sur ses mouvements, et le rejette sur la défensive. Lorsque c'est dans le cours d'une campagne, et que vous voulez obliger l'ennemi à changer de camp, il faut avoir une raison pour cela, ou que vous voulez