<7>Quoique cette application pénible et continuelle paraisse dure, pourvu qu'un général l'ait, il ne s'en voit que trop récompensé; et quels avantages des troupes si lestes, si braves et si bien disciplinées ne lui donnent-elles pas sur ses ennemis! Un général audacieux chez les autres peuples n'est que dans les règles chez nous; il peut oser et entreprendre tout ce qu'il est possible à des hommes d'exécuter.
Que n'entreprendrait-on pas avec des troupes si bien disciplinées! L'ordre est devenu habituel à toute l'armée; l'exactitude de l'officier et du soldat est poussée au point que tout est prêt une demi-heure avant l'heure marquée, que, depuis l'officier jusqu'au dernier fantassin, personne ne raisonne, mais tout le monde exécute, que la volonté du général est promptement obéie, et que, pourvu qu'il sache bien commander, il peut être sûr de l'exécution. Nos troupes sont si lestes et si agiles, qu'elles se forment en bataille en moins de rien; on ne peut presque jamais être surpris, à cause de la rapidité de leurs mouvements. Voulez-vous vous servir des fusils, quelles troupes font un feu pareil aux nôtres? Les ennemis disent que c'est être exposé à la gueule de l'enfer que de se trouver vis-à-vis de notre infanterie. Voulez-vous que l'infanterie n'attaque qu'avec la baïonnette, quelle infanterie marchera mieux à l'ennemi sans flotter et avec un grand pas? où verra-t-on plus de contenance dans les plus grands dangers? Faudra-t-il faire un quart de conversion pour tomber sur le flanc de l'ennemi, dans un moment ce mouvement s'exécute, et cela même sans la moindre peine.
Dans un pays où le premier état est le militaire, où la fleur de la noblesse sert dans l'armée, où tous les officiers sont gens de naissance, où des citoyens même sont soldats, c'est-à-dire des fils de bourgeois et de paysans, on doit bien se persuader qu'il doit y avoir de l'honneur dans des troupes ainsi composées. Aussi y en a-t-il beaucoup, car j'ai vu des officiers périr plutôt que de reculer; qu'eux et jusqu'au commun soldat ne souffrent point dans leur corps des gens qui ont