<86>Toute la force de nos troupes est dans l'attaque; nous serions des fous d'y renoncer gratuitement. On observe, dans les postes, d'occuper les hauteurs et de bien appuyer ses ailes. Pour tous les villages qui seraient devant ou sur les ailes de l'armée, je les ferais allumer, à moins que le vent ne portât la fumée dans notre propre camp. S'il y avait cependant quelque bonne cassine massive, mille pas devant le front de l'armée, j'y mettrais de l'infanterie, pour foudroyer les ennemis et les incommoder pendant la bataille. Il faut bien prendre garde, dans les postes, de ne point placer des troupes dans des endroits où elles ne peuvent pas combattre. Notre camp de Grottkau, l'année 1741, ne valait rien, parce que le centre et la gauche étaient derrière des marais impraticables. Il n'y avait qu'une partie de la droite qui pût agir. Villeroi fut battu à Ramillies pour s'être ainsi posté; sa gauche lui était inutile, l'ennemi porta toute sa force contre la droite des Français, que rien ne put y résister. Je crois que les Prussiens peuvent prendre des postes comme les autres, s'en servir pour un moment, afin de profiter des avantages de l'artillerie, mais abandonner le poste tout d'un coup et attaquer fièrement l'ennemi, qui, d'assaillant devenant l'assailli, verra ses projets tout d'un coup détruits; de plus, toutes les choses que l'on fait, auxquelles l'ennemi ne s'attend pas, font un effet admirable.
10. BATAILLES DANS DES PLAINES COUPÉES.
Ces sortes de batailles sont absolument du genre des postes. On attaque par l'endroit le plus faible. Je ne voudrais jamais que mon infanterie tirât en de pareilles occasions, à cause que cela les arrête, que ce n'est pas les ennemis que l'on tue qui nous donnent la victoire, mais le terrain que l'on gagne. Ainsi, avancer fièrement et en bon ordre, et gagner en même temps du terrain, c'est gagner la bataille. J'ajoute à ceci comme une règle générale que, dans les ter-