<93>n'avez point de défilé voisin, retirer votre première ligne par les intervalles de la seconde, et la reformer à trois cents pas de là; y joindre les débris de votre cavalerie, et, si vous le voulez, faire un carré pour protéger votre retraite. Deux carrés sont fameux dans l'histoire : celui de M. de Schulenbourg à la bataille de Fraustadt, où il se retira jusqu'à l'Oder, sans que Charles XII le pût forcer, et celui que fit le prince d'Anhalt lorsque Styrum perdit la première bataille de Hochstadt. Le prince d'Anhalt traversa une plaine d'un mille de long, sans que la cavalerie française pût l'entamer. J'ajoute à ceci que pour être battu, il ne faut pas se sauver à vingt milles du champ de bataille; il faut s'arrêter au premier bon poste que l'on trouve, faire bonne contenance, remettre l'armée, et calmer les esprits qui sont encore découragés de leur disgrâce.
ARTICLE XXVI. POURQUOI ET COMMENT ON LIVRE BATAILLE.
Les batailles décident du sort des États. Lorsqu'on fait la guerre, il faut bien en venir à des moments décisifs, ou pour se tirer d'embarras, ou pour y mettre votre ennemi, ou pour terminer des querelles qui ne finiraient jamais. Un homme raisonnable ne doit faire aucune démarche sans un bon motif, et un général d'armée ne doit à plus forte raison jamais livrer bataille sans un but important, et, s'il est forcé de se battre, c'est toujours parce qu'il a commis quelque faute qui l'a réduit à recevoir cette fière loi de son ennemi. Vous voyez bien que je ne fais pas ici mon panégyrique, car, des cinq batailles que mes troupes ont livrées aux ennemis, il n'y en a eu que trois de préméditées de ma part; j'ai été forcé aux deux autres : à celle de Mollwitz, parce que les Autrichiens s'étaient mis entre