<94>mon armée et Ohlau, où étaient mon artillerie et mes vivres; à celle de Soor, parce que les Autrichiens me coupaient le chemin de Trautenau, et que je ne pouvais éviter, sans ma ruine certaine, d'entrer en action. Mais que l'on voie la différence qu'il y a entre ces batailles forcées et les batailles prévues. Quels succès n'eurent pas celles de Friedeberg et de Kesselsdorf, et celle de Czaslau, qui nous procura la paix! Ainsi, en donnant des préceptes ici que je n'ai pas suivis moi-même, par imprudence, c'est pour que mes officiers profitent de mes fautes, et qu'ils sachent que je pense à m'en corriger. Quelquefois les deux armées sont également disposées à donner bataille; alors la besogne est promptement expédiée. Les meilleures batailles sont celles où l'on force l'ennemi par nécessité à se battre; car c'est une règle certaine qu'il faut toujours obliger l'ennemi à ce qui lui répugne, car, comme vos intérêts sont diamétralement contraires, il faut que vous vouliez tout ce qu'il ne veut pas. Voici les raisons pour lesquelles on livre bataille : pour faire lever le siége à l'ennemi d'une de vos places; pour le chasser d'une province qu'il envahit; pour pénétrer dans le sien, pour faire un siége, ou pour vaincre son obstination à ne pas vouloir la paix.a On oblige l'ennemi à se battre, en faisant une marche forcée qui vous porte à son dos, et qui le coupe de ses derrières, ou bien en menaçant une ville qu'il lui importe de conserver à tout prix. Mais qu'on y prenne bien garde : lorsqu'on fait faire de ces sortes de manœuvres aux armées, il ne faut pas non plus s'y mettre dans un même inconvénient en se postant de façon que l'ennemi peut vous couper de vos magasins à son tour. Les actions où l'on risque le moins sont les affaires d'arrière-garde. On se campe proche de l'ennemi, et, s'il veut se retirer pour passer quelque défilé en votre présence, vous tombez sur la queue de son armée. L'on risque peu dans ces actions, et l'on gagne beaucoup. Le prince
a La traduction ajoute, p. 181 : Oder aber auch, um ihn wegen eines Fehlers zu strafen, welchen er begangen hat.