<157>ment pour intervertir les transports des magasins de la Hongrie à Vienne, en second lieu pour faire des incursions avec les Cosaques et les hussards jusqu'aux consignes de Vienne; et il est bien certain que, pour peu que le général qui commande un tel corps ait de l'intelligence, il se procurera des vivres à foison, qu'il tirera de la partie la plus cultivée et la plus abondante de toute la Hongrie.
Mais réfléchissons maintenant à quoi cette expédition engage les Autrichiens. Premièrement, il est plus que palpable que l'armée de la Lodomérie et le corps de Bilitz se mettront en marche pour suivre ces Prussiens qui se sont emparés de Presbourg. Voilà le moment où les trente-cinq mille Prussiens qui couvraient la Haute-Silésie doivent se mettre également en marche. Ils trouvent les magasins de Weisskirch tout préparés; ils s'y pourvoient abondamment et suivent les Autrichiens, qui, n'ayant pas fait d'arrangements d'avance, ne pourront marcher aussi vile qu'eux. Il résultera de là qu'il y aura certainement une bataille en Hongrie; mais ce sera une affaire de plaine, où il y a cent à parier contre un que l'avantage sera pour les Prussiens, si le général qui les commande est habile et bien déterminé. Mais cela ne suffira pas. Les clameurs de la capitale attireront, comme je l'ai dit, des détachements de tous les côtés; on oubliera Olmütz et la Bohême pour sauver Vienne, et c'est l'heure du berger, dont il faut profiter pour pousser sa pointe plus en avant, passer alors la Morawa, ruiner les environs d'Olmütz, se porter sur Brünn, en faire le siége, ce qui est une opération de huit jours.
Voici quelles en seront les suites. Dès lors les armées de la Bohême pourront agir en s'approchant de l'Autriche, et si le destin leur procure une bataille heureuse, rien ne les empêchera de s'avancer vers le Danube. Alors, toutes les ressources manquant à la cour impériale, il est à présumer que, pour éviter d'être accablée tout à fait, elle pliera et subira son sort, en se prêtant à une paix raisonnable. C est là 1 idée générale que j'ai voulu donner de ce qu'il y avait à entreprendre.