<65> doit empêcher son monde de tirer tant qu'il peut, parce que tout feu qui se fait de bas en haut ne produit presque aucun effet, que, pour gagner une bataille, il faut gagner du terrain, que le plus tôt qu'on peut se trouver sur le champ de bataille où l'ennemi s'était rangé, plus on ménage son monde et moins l'affaire est-elle meurtrière. Mais aussi le commandeur ne doit point se laisser emporter à une poursuite trop vive, ou il faudrait qu'il ait perdu peu de monde à la première attaque, que tout le corps qui a été de l'attaque soit joint ensemble, et surtout que le général de brigade l'ordonne expressément.
Toutefois, si l'on a emporté une hauteur que l'ennemi avait occupée, il faut se contenter de l'en chasser et de faire grand feu sur lui quand il en descend pour s'enfuir; mais il faut garder ce poste et ne point en descendre pour poursuivre les fuyards. C'est à la cavalerie à se charger de cette besogne; l'infanterie doit se contenter de maintenir le poste où elle a remporté la victoire.
Comme dans les campagnes tous les jours ne sont pas des jours de bataille ni d'action, le commandeur profitera de ce temps de repos pour exercer son bataillon et surtout les recrues qui s'y peuvent trouver; car rien ne se perd plus vite que l'exactitude et l'adresse du soldat, si de temps en temps on ne lui fait répéter sa leçon.
Si l'on est proche de l'ennemi, et qu'il se fasse des fourrages verts, sans doute que l'escorte qu'on y enverra aura de l'infanterie avec elle. Si le commandeur se trouve de ce détachement, on le postera, pour couvrir ce fourrage, ou dans un village, ou derrière des haies, ou dans un bois. Il aura soin alors de se poster de façon à toujours bien garnir ses flancs, et il évitera de se mettre trop à découvert, parce qu'il n'est là que pour couvrir, et qu'il doit garantir son monde, autant que le local le permet, contre le feu de l'ennemi et les insultes des pandours.
Si le commandeur doit escorter des munitions à l'armée, il aura