<69> ruiner les sapes et enclouer le canon. Ceux qui doivent agir sont armés, ils sont destinés à chasser les assiégeants, pour donner aux manœuvres le temps de ruiner des ouvrages de l'ennemi ce qu'un court espace de temps leur permet de faire; après quoi la sortie doit se replier sur l'endroit du chemin couvert, à droite ou à gauche de l'attaque, où le gouverneur leur a préparé par ses dispositions un feu supérieur qui leur assure leur retraite.
Il ne faut point qu'un commandeur de bataillon soit intimidé de se trouver dans une place; c'est, pour un homme qui n'est ni paresseux ni lâche, mais qui se sent de l'ambition, une occasion de se distinguer et par conséquent de faire fortune; car un officier acquiert autant de réputation par la défense opiniâtre d'une place où il a servi qu à une bataille gagnée. Repousser l'assaut d'un ouvrage lui fait autant d'honneur que de se défendre dans un retranchement ou que de chasser l'ennemi d'un poste, et les vrais officiers, les hommes pleins d'ambition, doivent saisir également toutes les occasions pour se distinguer. Mais la longue paix dont nous jouissons rendra tous les commandeurs inexcusables, si, faute de se bien défendre, ils allèguent leur ignorance de la fortification. Le service dans la garnison les occupe au plus deux heures par jour; le reste du temps, ils en sont maîtres, et s'ils le perdent en fainéantise, je ne pense pas que, s'ils allèguent cette excuse, elle soit trouvée valable nulle part.
Il en est de même pour l'attaque des places. L'ignorance peut donner lieu à bien des fautes qu'on peut éviter quand on s'est fait une idée du génie, et qu'on s'est donné la peine de lire les relations d'anciens siéges qui se sont faits pendant la guerre de succession. L'ignorance, en un mot, ne peut servir d'excuse qu'à des enfants, mais jamais à des hommes faits qui ont embrassé une profession, et qui sont parvenus à des commandements. Il est donc nécessaire de recommander à tous les commandeurs de bataillon d'apprendre ce