<70> qu'ils ont négligé jusqu'ici. Le temps ni les moyens ne leur manquent pas de s'instruire, et l'on ne peut attribuer dorénavant leur ignorance qu'à leur paresse.
Dans les attaques des places, s'il s'agit de garder les tranchées, et qu'un régiment se trouve à la seconde ou troisième parallèle, dont le commandant n'a pas d'idée de siége, il sera négligent, l'ennemi fera une sortie, et le chassera honteusement de son poste; au lieu qu'un officier plein d'honneur sera toujours préparé à tout événement, et, que de nuit ou de jour l'ennemi l'attaque, il aura pris d'avance des mesures, et sera tout préparé pour repousser cette sortie.
Les commandeurs de bataillon, s'ils sentent une noble ambition, doivent aspirer plus haut. C'est de leur corps qu'on lait des généraux, et, à moins d'avoir démérité, ils doivent aspirer à parvenir à ce grade; mais cette même ambition doit les pousser à savoir d'avance remplir tous les devoirs d'un général. Il est honteux de faire l'école d'un poste auquel on est élevé; il est plus noble d'en être jugé digne avant de le remplir, et qu'on dise : Cet homme a les talents d'un bon général; c'est dommage qu'il ne l'est pas encore. Ceux qui se sentent doivent donc nécessairement profiter de leurs campagnes, s'informer : Pourquoi a-t-on fait cette marche? pourquoi s'est donnée cette bataille? quelle en était la disposition? pourquoi a-t-on refusé cette aile? pourquoi l'autre a-t-elle attaqué? examiner les camps, juger du terrain, et visiter les postes avancés pour se faire une idée nette du total de la disposition; s'exercer le jugement sur ces matières, et se rendre propre à commander des détachements, parce que c'est par ce chemin que l'on parvient à commander des armées. Des particuliers en ont eu chez nous sous leurs ordres, et l'armée n'oubliera jamais que le maréchal de Schwerin l'a commandée.
Quant aux défenses des places ou bien aux siéges, c'est la même chose. Un officier de l'état-major qui s'est garni la mémoire, pen-